Leurs métiers



Le bourrelier :


Emile Ernest Vincent Sellier-bourrelier

à Bernay (27) vers 1930

Les bourreliers étaient nombreux dans les régions de forte agriculture.. Les chevaux, les bœufs et les ânes leur procuraient amplement du travail. Le bourrelier - sellier travaillait dans les bourgs et villes où les chevaux de trait et de selle étaient nombreux. Ce métier devint indispensable avec le développement de la diligence, des carrosses et autres malles – postes. Il utilisait le cuir de bœuf ou de vache, parfois de mouton. Il devait parfois travailler différents tissus épais, toiles caoutchoutée, moleskine…Pour fabriquer des colliers, il utilisait des rivets, clous et autres pièces de métal ainsi que de la bourre (poils d’animaux ou chanvre) d’où le nom du métier.

Jean Louis Noël Vincent fut bourrelier à Rivière Thibouville, Eure. Son fils Zacharie Zéphirin (1810-1886) exerça ce métier à Nassandres et c’est Eugène Maximilien (1842-1881) qui installa la boutique de la rue des Charrettes à Bernay. Son fils Arthur Victor (1870-1900) s’installa comme cordonnier rue d’Orbec à Bernay et c’est son frère Emile Ernest Vincent (1869-1943) qui prit la relève avec l’aide de son beau-frère Ernest Gédéon Duclos ( 1851-1904). Il légua le commerce à son fils Robert Eugène (1898-1955) dans les années 1920.


Le sabotier

Le sabotier :

Il avait souvent des goûts artistiques, il sculptait sur les sabots des fleurs et divers ornements. Il avait un matériel assez simple : des cognées pour abattre les arbres et ébaucher les sabots. Il utilisait souvent du bouleau, parfois du hêtre, de l’orme ou de l’acacia. Il faisait souvent du troc avec les paysans. Il vivait indépendant et libre, au grand air et près de la forêt. Entre eux, les sabotiers se traitaient de cousins. Le sabot connaîtra une période faste jusqu’à la Grande Guerre. Puis le déclin commence à s’amorcer. En 1950, l’usage du tracteur pour lequel les bottes sont plus pratiques, donnera le coup de grâce aux sabotiers.

Il y eu plusieurs sabotiers dans la famille Boitier : Pierre (1822) qui exerça à Bannay, Cher, au lieu-dit de la Turpinerie et qui transmit son savoir à son fils Frédéric Joseph Boitier né en 1849. Un de ses cousins : Louis René Boitier (1858) fut aussi sabotier à Bannay. Notons un Jacques Boistard de Menetou-Ratel, Cher (1828) qui fut sabotier à Jars c'est un Silvain Etienne Forest (1858) qui fournissait en sabots le village de Savigny en Sancerre.

Le cordier :

La profession a disparu avec l’abandon de la culture du chanvre. Il pouvait aussi utiliser le lin, le tilleul ou le crin. Bien souvent, par nécessité de place, le cordier travaillait dehors, mais à l’abris de la pluie qui influe sur la qualité des cordages. On ne fait pas une corde, on la «commet». Ainsi, une corde est «commise» de 3 ou 4 torons. La corde terminée est enduite d’un mélange de colle et d’eau. C’était l’un des seuls métiers où il fallait marcher à reculons sur plusieurs mètres pour produire la ficelle ou la corde. Les artisans cordiers étaient nombreux dans les régions à chanvre et en bord de mer. La corde faite à la main était supérieure à celle faite en usine.


François Deschamps (1734-1810) fut cordier à Saint Aubin de Scellon, Eure.



La fileuse

La fileuse :

Cette activité, mal rétribuée, était souvent pratiquée par les paysannes chez elles à la ferme. L’hiver, elles travaillaient le soir entre voisines, chez l’un d’elles, ce qui permettait de causer et de chanter. La ferme possédait souvent un petit champ de lin et de chanvre. Ce dernier était également utilisé dans la fabrication des sacs pour transporter les pommes de terre. Il servait aussi à la confection des chemises que portaient les paysans. Les fileuses se mariaient souvent avec des tisserands, les familles ayant souvent l’occasion de se rencontrer.


Catherine Briou (1756) était fileuse . Marie-Félicité Cherfils (1814) fileuse à St Laurent du Tencement, Eure et M-Rose Roussel (1818) à Brionne, Eure.



Le menuisier

Le cabaretier :

Le cabaretier servait du cidre et de l’eau de vie, rarement du café et du vin. Il rendait de grands services car c’était bien souvent chez lui que se négociaient les affaires et se concluaient les marchés.


Jean François Fallet (1747) fut aubergiste à Lissey, Meuse.


Le menuisier :

Le métier de menuisier était très estimé car c’est lui qui, à l’époque fabriquait les meubles et notamment l’armoire de mariage. C’était souvent aussi un artiste, sachant sculpter sur les meubles qu’il fabriquait. Il intervenait dans les églises en compagnie d’autres professions telles que les peintres, verriers et doreurs pour des travaux de restauration.


Charles Adeline (1830-1905) et son père Hubert (1803-1899) furent menuisiers à Sivry sur Meuse.


Le tailleur d’habits :

Libertin et souvent méprisé, il faisait un travail «peu viril ». Ayant du succès auprès des femmes qui lui témoignaient de la sympathie et à qui il colportait les potins du village, il se voyait méprisé par les hommes qui souvent le jalousaient. Son travail se bornait le plus souvent à tailler et à coudre le tissus qui lui était remis par le client.


Hubert Adeline (vers 1709) et son fils Jean Baptiste (1737) furent des tailleurs d’habits à Sivry sur Meuse.



Le cordonnier

Le cordonnier :

Le corps de métiers se divisait en «courdouanniers» qui travaillaient le chevreau de Cordoue, les «sueur» qui fabriquaient les chaussures, les «chavetonniers» qui mettait en œuvre la basane et les «savetiers» qui réparaient les souliers usagés.Par tradition, on disait que ce métier où l’on devait travailler assis, était réservé aux «malbâtis», aux éclopés des accidents, de la poliomyélite et des guerres. C’était souvent un moyen de survie pour les handicapés aux pieds beaux ou aux jambes de bois, d’où l’expression des cordonniers les plus mal chaussés !


Les frères Etienne (1933) et François (1862) Boitier de Bannay, Cher ont tous les deux été cordonniers: l’un à Sancerre et l’autre à Bannay. Louis Paul Fortin (1836-1887) n’a pas pris la relève du métier de chapelier de ses ancêtres et a exercé à la cordonnerie rue des Charettes à Bernay,Eure. Arthur Victor Vincent (1870-1900) cordonnier rue d’Orbec à Bernay, Eure venait d’une famille de bourreliers. Henry Bernard (1767) fut cordonnier à Reville, Meuse.


Coutellerie G-A Fortin à Lisieux vers 1930


Le coutelier :

Il y avait une distinction entre les fabricants de lames de couteaux ( fèvres couteliers) et les couteliers faiseurs de manches d’os ou d’ivoire ( tabletiers ).

Le métier de coutelier, comme quelques autres métiers du fer, appartenait au premier maréchal de l’écurie du roi. Ce Maître des fèvres était responsable de la corporation. Pour passer maître, un apprenti devait réaliser un chef-d’œuvre. Les couteliers avaient l’habitude de marquer d’un signe particulier toutes les pièces fabriquées chez lui. L’artisan coutelier fabrique des couteaux et des instruments tranchants qu’il s’agisse de ciselerie, de fabrication de rasoirs, de coutellerie de table ou de coutellerie professionnelle.


Georges Arthur Fortin (1868-1947) avait sa boutique au 64 place V.Hugo à. Lisieux, Eure.


Le meunier :


Ils jouaient un rôle important car tous les paysans avaient besoin d’eux. Il était souvent riche et accusé de libertinage. Les moulins étaient des lieux de rencontre et d’information où on faisait la causette en attendant son tour. La plupart des meuniers travaillaient sur des moulins à eau, les moulins à vent étaient plus rares. L’été à sec et l’hivers en crue, les cours d’eau devaient être maîtrisés par la construction de retenues. Le meunier devait très régulièrement piquer les meules qui s’émoussaient avec le temps. Il devait prendre garde aussi à la moindre étincelle qui pouvait enflammer la poussière de farine. L’usage voulait que les villageois amènent leurs grains et que le meunier leurs livre ensuite la farine en gardant 10% de la production de farine comme gage. On accusait souvent les meuniers de tricherie quant à la quantité de farine obtenue.


Moulin berrichon




De nombreux ancêtres meuniers parmi les Berrichons: à Sury-prés-Léré, Cher la famille Léveillé a exercé ce métier sur plusieurs générations. Mamert Léveillé (1764), ses enfants Jean (1798) et Jeanne (1798) et petits enfants: Jean (1816) ont exercé au Moulin Gendet. Etienne Léveillé (1757) frère de Mamert, a été meunier à Léré, Cher.

Notre aïeule Pauline Maurice (1827-1908) avait appris ce métier de son père Jacques Maurice (1787-1851) dont le propre père Jean (1754-1802) était meunier à Crézancy en Sancerre, Cher. Jacques travaillait au moulin Dupré de Menetou-Ratel, Cher. C’est là que Pauline et ses frères Louis (1814) et Jacques (1822-1897) commencèrent. Marthe Boistard (1789-1860) de Menetou-Ratel, travailla comme meunière dans son village natal et à Sury en Vaux, Cher, C’est probablement dans ce contexte qu’elle rencontra son futur mari Jacques Maurice. Ensuite, la famille s’installa à Bannay, au moulin Dezat sur la rivière Bellaine. Les fils de Louis : Paulin (1836) et Joseph (1850) Maurice ont assuré la relève sur Bannay. Jacques, frère de Pauline, quant à lui s’était établi au moulin de Sury en Vaux. Dans ce même village, Frédéric Joullin (1800-1870) après avoir travaillé la vigne à Bannay, s’installa au moulin. Son fils Etienne Joullin (1846) était meunier à Bannay.

Mais la famille de meuniers la plus ancienne est bien celle des Jublot. Etienne Jublot (1725) meunier à Thou, Cher. Pierre, son fils exerça à Villegenon, puis le petit-fils Sylvain (1761-1816) s’établit à Jars, Cher. Pierre (1792-1845) pris la relève de son père au moulin de Jars. Ses fils Louis Alexandre (1828) et Pierre Henri Jublot (1825-1908) avaient le même métier. Le dernier meunier de la famille Jublot semble avoir été René Isidore (1856-1922).


Le chapelier

Le chapelier :

Les chapeliers se divisaient en plusieurs branches : qu’ils soient « de fleurs », « de coton », « de paon » ou « de feutre ». Les couronnes de fleurs qui retenaient les cheveux longs ont été remplacées par des couronnes pour les riches et des bonnets de coton pour les plus modestes.

Les compagnons du devoir de la société des chapeliers s’engageaient à ne jamais livrer le secret de fabrication du feutre qui devait se faire avec du poil d’agneau uniquement.


Philippe Fortin de Vimoutiers, Orne, apprit le métier de chapelier à ses fils Gabriel et Pierre Alexandre qui l’exercèrent ensuite à Bernay dans l’Eure. Gabriel eu deux fils Philippe Félix et Louis Gabriel qui furent aussi chapeliers rue du commerce à Bernay. Pierre Josse Fortin l’un des fils de Pierre Alexandre exerça ce métier mais fut aussi jardinier. Dans le génération suivante, Louis Emmanuel fils de Louis Gabriel poursuivra dans cette voie, Louis Paul de son côté se consacrera à la cordonnerie.



Blanche Forest (1ère à gauche) Passementerie Boistier

rue du Renard à Paris vers 1930

Les commerçants :

Henri Jublot et sa femme Blanche Forest ont vendu du vin et de l’épicerie dans ce magasin de Ris Orangis. Henri livrait des bouteilles de vins en casiers de bois à domicile avec un camion. Ils avaient un chien nommé Tino. Blanche Forest a travaillé dans la mercerie de son cousin Julien Boistier. Elle allait de Ris à Paris en train tous les jours. C’est sur cette ligne qu’avec sa sœur Thérèse, elles rencontrèrent Marceau Fortin. La passementerie ferma ses portes juste après la seconde guerre .

Henri Jules Jublot (1859-1920) était boulanger à Ris Orangis. Comme beaucoup de Berrichons, il était venu chercher du travail dans l’Essonne. Une de ses filles Henriette épousa Eugène Martin (1878- ) fromager, lui aussi du Berry (St Satur). Henri Jublot (1903-1962) travailla chez lui et livrait les fromages. C’est dans ce cadre de commerçants établis à Ris Orangis qu’il rencontra Blanche Forest née dans cette commune.

Signalons d’autres artisans commerçants dans la Meuse : Simon Bernard (1741) marchand de toiles, François Nicolas Fallet (1780-1840) a tenu une épicerie à Damvillers. Etienne Bernard (1794) vendait du bois à Reville et François Marjolet (1807) fut teinturier. Louis (1811-1857) et Achille Fallet (1837-1915) furent bouchers à Damvillers.

Dans le Berry, à Sury en Vaux, Henry Blondeau (dcd en 1749) et son fils Henry faisaient le commerce du bois. Etienne Forest (1926) frère de Rosalie était « coquetier » à Savigny en Sancerre : il vendait des volailles et des œufs.

En Normandie, à Heugon dans l’Orne, Arsène Dominique Duclos (1815) était « cloutier ».

Les Laboureurs, journaliers et agriculteurs :

Les rares ancêtres Normands qui n’étaient pas artisans et travaillaient à la campagne étaient journaliers à la vigne ou dans les champs pour un patron. Par contre, en Lorraine et dans le Berry, ils étaient le plus souvent propriétaires de leur terre. Il existait cependant beaucoup de journaliers et surtout de journalières qui louaient leurs bras pour les durs travaux des champs.

Depuis très longtemps il y eu des laboureurs dans les familles de Lorraine : parmi eux Jean Adeline (1640-1678) avait des terres à Sivry sur Meuse, ainsi que Jean Baptiste Drouet (1799-1878), Gervais Saintin (1824-1906) et Nicolas Babin (1810-1882), Pol (1876-1960) et André Collignon (1901-1981), Emile Bernard (1843-1893) était cultivateur à Etraye, village voisin. A ce jour, leurs descendants exploitent toujours cette terre de la vallée de la Meuse.

En terre berrichonne, ceux qui n’étaient pas meuniers ou vignerons travaillaient dans les champs parmi les Forest, Blondeau, Briou et Boistard, mais comme journaliers ou journalières.


Les vignerons :

IL y eu bien quelques vignerons, vers 1750 comme Jacques Caillou dans la vallée de la Seine à Germilly près de Vernon, Eure… mais c’est au pays du Sancerre qu’ils étaient les plus nombreux. Les coteaux de Sury en Vaux, de Sainte Gemme en Sancerrois et de Bannay étaient propices à la culture du raisin. Les vignerons se fréquentaient entre eux et une fille de vigneron ne pouvait épouser qu’un vigneron ou éventuellement un tonnelier. Pierre Joullin (1798-1869) était vigneron à Sury en Vaux mais son fils Frédéric (1800-1870) avait une vigne à Bannay.

Notons Jean Fallet (1709) vigneron à Lissey en Lorraine.



Usine de textile sur la rivière Charentonne à Bernay (27)

Les toiliers et les rubanières :

La culture du lin de la région de Lisieux, Thiberville, St Aubin de Scellon et Bernay généra une activité intense dans la fabrication des toiles (toiliers), des draps (frocquiers) , des rubans (rubanières) et de la passementerie. Les toiles étaient tissées, blanchies, teintées (avec des plantes cultivées dans la région), et séchées dans les manufactures de Bernay : on pouvait voir les toiles sécher sous les pentes des toits. La fabrication des rubans se faisait au début du 17ème siècle sur des métiers à une seule pièce. La production était lente et onéreuse.

Les rubanières travaillaient chez elles. Si elle ne possédait pas de métier (souvent compris dans la corbeille de mariée), elles en louaient un. Ou bien, elles travaillaient à la fabrique. Il fallait ensuite encoller le ruban avec de l’amidon de froment ou de suif. Puis les métiers à pieds pouvant tisser plusieurs pièces firent leur apparition, plus imposant, il était impossible d’en avoir un à domicile. Pendant le premier empire, le blocus anglais empêcha l’importation du coton américain ce qui relança l’utilisation du lin. La mécanisation révolutionna la fabrication des rubans et toiles. La mode des crinolines donna le plein essors à la rubanerie.


Pierre Martin Ecalard (1725-1813) ainsi que ses fils François (1783-1836) et Benoît Edmond (1758-1818) furent toiliers à Malouy et Bourg Lecompte près de Bernay. La famille Ligeaux travaillait plutôt dans les filatures. Rose Césarine Ligeaux ( 1846-1881), sa sœur Palmire (1939), son frèe Arsène (1942), sa mère Marie Rose Roussel (1818) étaient tous ouvriers aux filatures de Brionne, Eure. François Ligeaux (1845) fut pareur de toile rue d’Alençon à Bernay. Léonie Duclos (1843-1922) et sa fille Ernestine Vincent (1872-1897) furent rubanières à Bernay. Alexandrine Duclos (1874) était blanchisseuse.


Sources : http://www.france-pittoresque.com/metiers